La Roche

Extrait du chapitre IV de

 « La Roche de Belfort... Au temps des seigneurs »


Le crépuscule enveloppait déjà la forteresse et la famille était installée dans la grande pièce à feu du château, celle qui servait à recevoir autrefois pour des fêtes grandioses, comtes, barons, seigneurs et nobles des environs accompagnés de leurs épouses.
Le comte Ulrich, couvert de pelisses et installé devant la cheminée où flambaient des troncs d'arbres entiers, la mine souffreteuse et l'humeur acariâtre, appela femme et filles à venir le rejoindre.
     Ecoutez-moi mes Dames, en ce jour anniversaire de notre chère Ursule, j'ai une grande nouvelle à vous annoncer et elle vous concerne ma fille, ajouta le comte en regardant sa jouvencelle.
     Moi, mon père, s'étonna Ursule, ne suis-je point la cadette et ne devez-vous pas marier Jeannette avant moi ?
     Taisez-vous donc, jeune effrontée, qui vous parle d'épousailles ?
Mère et filles, inquiètes tout à coup, pour l'écouter parler, se rapprochent du comte enfoui sous ses fourrures.
      En prévision de ne point morceler le domaine hérité de mes pères, reprit ce dernier, et n'ayant pu, malgré mon ardeur à la tâche, donner d'héritier mâle à votre chère mère, seule, Jeannette sera dotée et mariée en tant que fille aînée.
      Encore cette vieille idée qui ne vous quitte point et vous ronge les sangs en vous rendant souffrant ! coupa Jeanne son épouse.
     C'est ainsi fait ma Dame, nous marierons Jeannette et notre benjamine entrera au couvent !
     Je refuse, mon père ! hurla la jeune fille se sauvant à travers les courtines. Un mari, des enfants, tel est mon seul désir, ne veux point être nonne, cloîtrée en abbaye ! Intervenez ma mère, intercédez pour moi, sinon je me jette du haut de la muraille ! 
En une course folle par delà le logis, père, mère, sœur, serviteurs et servantes poursuivirent la fugueuse jusque sur les remparts. Les gardes l'arrêtèrent, la ramenèrent au père. A genoux et en larmes, ses cheveux souples et blonds descendant en cascade autour de son visage, soutenue par sa mère et sa sœur Jeannette, elle implora le père de ne point la faire sœur et la laisser pucelle.
 -   Si fait ma fille, votre place est déjà retenue et dès demain, Dame Jeanne, mon épouse, vous conduira au couvent des Clarisses de Königsfelden où vous demeurerez. En attendant, vous serez châtiée pour vous être rebellée et serez mise au pain sec et à l'eau, resterez à genoux expier votre faute, seule dans la chapelle avec votre suivante.
 -   Mon ami, intervint la comtesse, veuillez n'être point tant sévère, notre Ursule est de noble naissance, qu'il ne faut point punir comme une pécheresse et ce n'est qu'une enfant que vous enfermerez dès demain au couvent !
 -  J'ai dit et je tiendrai parole ! Faites, je vous prie ma Dame, exécuter mes ordres, conclut le père devenu très austère.

La suite est à découvrir dans le livre....

1 commentaire :

  1. Moi qui habite au pied du château de Belfort, je me mets à rêver à ces temps reculés où de véritables drames se déroulaient là-haut sur le rocher... C'est passionnant et j'attends avec impatience que vous écriviez la suite de l'histoire de notre ville, merci Renée

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